La Batterie

La Batterie

La construction
de la batterie de merville

Comme ailleurs sur le Mur de l’Atlantique, c’est l’Organisation Todt qui sera en charge de la construction de la batterie de Merville.

L’Organisation Todt (du nom de son créateur Fritz Todt, ingénieur en travaux publics) fit appel à l’entreprise Rittmann pour conduire les travaux. Cette entreprise disposait de bureaux à Houlgate. Comme ailleurs, la main d’œuvre locale et des travailleurs étrangers furent mis à contribution.

La première casemate bétonnée à être coulée sera la n° 1 autrement dit celle de type H611, la plus importante des quatre. Suivront les casemates 2, 3 et 4 de type H669.

La casemate H611 nécessita 1400 m³ de béton contre 500 m³ pour les autres. Elle aura également réclamé l’excavation d’environ 800 m³ de terre et il faudra 70 tonnes de fer à béton pour l’armer.
Cette énorme casemate sera recouverte de terre pour se fondre dans l’environnement. Elle ressemblera à un vaste tertre.

Les travaux se poursuivront par la construction du bunker de commandement, du bunker pour les hommes, des soutes à munitions. Seront également édifiés : les éléments nécessaires à la mise en batterie d’une flak, des tobrouks pour mitrailleuses, des abris, différents communs et un important fossé anti-chars sera creusé à l’avant des casemates (il restera inachevé car il avait été prévu pour entourer complètement le site). Naturellement des champs de mines et réseaux de barbelés renforceront la défense de la batterie.

Consécutivement à la visite du Feldmarschall Rommel le 6 mars 1944 à Merville, l’Organisation Todt reçoit l’ordre d’accélérer significativement les travaux pour mettre à l’abri les deux obusiers encore exposés à ciel ouvert dans leur encuvement respectif. Les deux dernières casemates seront achevées en mai 1944.

Concentration des défenses
face à l’estuaire de l’orne

De tout temps, le lien entre l’estuaire de l’Orne et Caen, capitale de la Basse-Normandie, fît de ce lieu un site stratégique.

La Redoute construite en 1779 selon les plans de Vauban, présente sur la plage de Merville- Franceville, atteste de cette réalité incontestable.

Et ce n’est pas pour rien que les Allemands firent également de cet estuaire un lieu très fortifié. Ils redoutaient aussi l’accès direct à Caen par voie maritime.

Le Feldmarschall Rommel fera d’ailleurs tendre des câbles pour barrer cet accès et cela en plus des lourdes défenses d’artillerie déjà existantes.

De surcroît, Erwin Rommel présent sur les hauteurs d’Amfreville sise à l’Est de l’Orne déclara en 1944 que cette portion de territoire constituait le verrou pour la percée des troupes d’invasion en France et par voie de conséquence vers l’Allemagne.

La tâche n’allait donc pas être mince pour la 6th Airborne Division qui devait contrôler cette position stratégique afin, d’une part, de devenir le bouclier Est du débarquement et d’autre part, d’être le marche pied ou pivot de la future progression des Alliés.

Le commandement
de la batterie de merville

Le commandant de la Batterie de Merville fût décapité lors d’un bombardement de la RAF en mai 1944.

 

Début 44, la batterie de Merville est sous l’autorité du capitaine Karl-Heinrich Wolter.
Son adjoint se nomme Rudi Schaaf. Ils sont épaulés d’un officier et de deux sous-officiers. Peter Timp est l’officier en charge de l’observation. Johannes Buskotte est sergent-major et le sergent Fritz Waldmann doit régler les tirs de la batterie de Merville.

 

Le 19 mai 1944, le capitaine Karl-Heinrich Wolter rejoint sa maîtresse. Un bombardement massif visera cette nuit là la batterie de Merville et rasera l’endroit où le capitaine et sa maîtresse passaient la nuit. La batterie de Merville aura donc cette nuit là son commandement décapité.

 

Pour lui succéder, le lieutenant Raimund Steiner sera nommé à la tête de la batterie de Merville.

La batterie comme
objectif prioritaire

C’est essentiellement la plus grosse des casemates de la batterie de Merville, celle de type H 611 qui décida le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Forces (SHAEF) à classer la position défensive comme objectif vital et prioritaire du D-Day.

 

Pourquoi ? Car d’ordinaire les Allemands ne construisaient pas de telles casemates pour abriter de simples obusiers, en l’occurrence des pièces de 100 mm. En général ces casemates abritaient des canons de 155 mm d’une portée moyenne de 17 km. Aussi les plages du débarquement du secteur Sword, face à Ouistreham Riva-Bella à l’Ouest de l’Orne, se trouvaient directement sous la très lourde menace de la batterie de Merville. Cela signifiait, indubitablement, la possible mise en échec de l’opération Overlord. Il fallait donc à tout prix réduire au silence les canons de la batterie de Merville avant que ne débute, à 6h00 précise, les opérations du débarquement du 6 juin.
D’où la classification adoptée par le SHAEF pour la batterie du lieutenant Steiner.

 

Terence Otway s’était, lui aussi, posé la question concernant le calibre réel des canons de la batterie de Merville, car aucune photo aérienne ne permettaient de les identifier sûrement. Il en parvint à la même conclusion que le SHAEF, en pensant que les Allemands n’auraient jamais coulé une telle quantité de béton si la pièce à l’intérieur ne le justifiait pas.

 

De toute façon, aucun risque ne pouvait être pris pour la plus grande opération aéronavale jamais imaginée et réalisée.
Par ailleurs, on peut imaginer qu’à l’instar de biens d’autres batteries, les Allemands avaient planifié d’installer des canons plus puissants.

Une question du lieutenant Steiner lors de la dernière visite du General der Artillerie Erich Marcks, son supérieur direct, laisse entendre que de nouvelles pièces étaient, à court terme, attendues…

La batterie
au 6 juin 1944

Au 6 Juin 1944, la batterie de Merville dispose sur 5 hectares de lourdes défenses et d’importants effectifs.

 

Les effectifs de la batterie de Merville se composent de 80 artilleurs du 1./AR 1716 et de 50 hommes du génie. La batterie est placée sous les ordres du sergent-major Johannes Buskotte. Son poste de combat est situé à l’intérieur de la batterie dans le bunker de commandement. Son bunker est relié au blockhaus de commandement du poste de direction de tir occupé par le lieutenant Steiner sur la plage de Merville-Franceville par des câbles blindés enterrés.

 

Sa puissance de feu est constituée de ses quatre obusiers de 100 mm abrités sous casemates bétonnées. Poids : 2 900 kg. Portée maximale 10 km. Poids de l’obus : 16 kg. Cadence de tir : 8 coups par minute.

 

Les défenses sont faites de champs de mines, de doubles réseaux profonds de barbelés, de tobrouks, d’une Flak pouvant être dirigée vers le sol, d’un fossé anti-chars, de tranchées et de multiples bunkers…

 

Ce n’est pas pour rien que le brigadier James Hill désigna, lors de son briefing au lieutenant- colonel Otway, la mission qui lui était assignée comme étant particulièrement infecte !