L’entrainement du 9th Para Bn.

L’entrainement du 9th Para Bn.

La reconstitution fidèle de la batterie de Merville

Revenons brièvement en arrière : entre le moment où le Lieutenant-Colonel Terence Otway mis son plan d’assaut au point et le largage dans la nuit du 5 au 6 juin pour sa mission, il ne restait en arrondissant que deux mois.

 

Seulement deux petits mois pour parer à l’entraînement qu’il avait planifié pour le succès de sa mission. Cela était d’autant plus court, que pour Terence Otway la clef de la réussite de son plan passait par la reconstitution fidèle, grandeur nature, non seulement de la batterie mais aussi de la Drop Zone et du terrain, dans ses moindres détails, jusqu’aux 5 hectares des canons à réduire au silence.

 

Le terrain fut remodelé à l’identique, telle une maquette mais à l’échelle 1, à partir de la grande précision des photos aériennes. Et cela, en un temps record d’une semaine : c’est dire si les engins du Génie travaillèrent jour et nuit.
Tout fût refait. Des casemates avec armatures tubulaires et toiles d’habillage au fossé anti-tanks en passant par les doubles réseaux de barbelés, les champs de mines, les autres blockhaus, les nids de mitrailleuses, la défense anti-aérienne… pour que la réplique tende vers la perfection.

 

Le Lieutenant-Colonel Terence Otway souhaitait entraîner ses hommes dans une reproduction du site ultra fidèle afin qu’ils connaissent déjà remarquablement le lieu pour accroître furtivité, célérité et effet de surprise.
Cette prouesse fût aussi possible grâce aux relations, au plus haut niveau, nouées par Terence Otway au cours de sa carrière militaire. Car ce n’était pas mince affaire que de mobiliser en un éclair les moyens logistiques indispensables à la mise en oeuvre de son plan, une fois qu’il reçut le feu vert du Brigadier James Hill.

 

Le site, une fois prêt à accueillir le 9ème Bataillon, est mis au secret et les accès strictement réglementés.

 

Une fois la batterie et ses environs reconstitués avec un souci du détail extrême, la totalité de la zone fût placée sous haute surveillance à l’aide des forces de la police militaire et civile. Des patrouilles sillonneront sans cesse le site et la population civile fût informée que le tir à balle réelle était autorisé pour les personnels en charge de la sécurité de la zone. Tous les accès depuis les villages voisins seront placés eux aussi sous contrôle.

 

Le 9ème Bataillon, lorsqu’il prît ses quartiers commença à sentir monter la pression de plusieurs crans tant le dispositif mis en place indiquait à quel point cette mission revêtait de l’importance. En outre, les conditions d’entraînement organisées par Terence Otway, les rapprochaient de leur objectif : ils allaient entrer au contact réel de leur très dangereuse mission et de tout ce qu’elle impliquait..

Newbury à 40 km, à vol d’oiseau, au Nord Nord-Est du Camp Bulford

Un plan d’assaut basé sur la surprise

Le plan d’action
pour le Jour J

Face à une batterie lourdement armée qui aux yeux du Lieutenant-Colonel Otway prit vite les allures d’une forteresse lorsqu’il découvrit pour la première fois son objectif grâce aux multiples photos aériennes très minutieusement affichées dans une pièce mise au secret de l’Intelligence Headquarters.

 

Il convint rapidement, avec le Capitaine Robert Gordon-Brown, qu’une attaque frontale se montrait suicidaire. Un assaut par l’arrière semblait bien plus réalisable. Néanmoins l’élément de surprise s’avéra vite primordial pour le Lieutenant-Colonel Otway. De longs moments furent passés à étudier la situation avec des photographies qui étaient régulièrement mises à jour.

 

Pour porter la stupeur à son comble chez les allemands, dans la batterie de Merville, le Lieutenant-Colonel Otway imagina le crash de trois planeurs au coeur même de l’enceinte. Pour qu’ils s’arrêtent le plus rapidement possible et que les troupes d’assaut aéroportées bondissent de leur flanc sur l’ennemi, il prévoit de faire arriver les planeurs exactement entre les quatre casemates pour que leurs ailes, se brisant contre ces dernières, les stoppent net. 70 hommes devront jaillir des planeurs pour semer le chaos chez les allemands et fondre sur eux.

 

Avant le crash calculé des planeurs, les éclaireurs devront reconnaître et préparer, soigneusement, dans la plus grande furtivité, les positions choisies pour le reste des forces du 9ème Bataillon. Seront donc largués en premier, plusieurs groupes d’éclaireurs. Une fois au sol, ils devront récupérer leur matériel dans les containers largués avec eux.

 

Un groupe d’éclaireurs doit ouvrir un passage dans les champs de mines en le balisant avec des rubans blancs pour que les parachutistes devant percer les défenses ouvrent à leur tour des brèches dans les profonds réseaux de barbelés à l’aide des torpilles bengalore afin qu’à leur tour, les groupes d’assaut se jettent sur la position. D’autres éclaireurs doivent baliser le point de Rendez-vous où se regroupera le 9ème Bataillon sur la Zone de largage (Drop Zone) ainsi que la Zone d’atterrissage des cinq planeurs (Landing Zone) qui transporteront le matériel lourd du 9ème Bataillon des parachutistes.

 

Après le décollage des Albemarle emportant les éclaireurs doivent suivre les transports pour les parachutistes du 9ème Bataillon et les planeurs.
Une fois au point de Rendez-vous, les 750 parachutistes du Lieutenant-Colonel Otway seront guidés par les éclaireurs, avec leur matériel lourd (jeeps, mortiers, mitrailleuses, explosifs, matériel médical, matériel de transmission, lance-flammes… ) jusqu’à leur position avant assaut. Ils auront à parcourir en pleine nuit environ 2 200 mètres, depuis la Drop Zone avec tout leur équipement jusqu’à la batterie. Des éclaireurs devront, au moment où chacun sera en place, guider à l’aide de leur balise émettrice les planeurs prévus pour se poser à l’intérieur de la batterie. Une fois les planeurs crashés à l’intérieur, les torpilles bengalore exploseront en synchronisation pour que les 4 groupes d’assaut (un par casemate) se ruent sur la position pour remplir leur objectif. Les canons devront être neutralisés promptement et les explosifs transportés pour cela posés au plus vite.
Une fois la tâche accomplie, les parachutistes du 9ème Bataillon du Lieutenant-Colonel Otway doivent soigner leurs blessés, quitter les lieux au plus tôt en communiquant au Headquarters le succès de leur opération et poursuivre leur mission.

 

Car comme nous le verrons plus loin, la neutralisation des canons de la batterie de Merville n’était que la première d’une suite de missions.
Tel était le plan et il fallait maintenant s’entraîner dur pour que les parachutistes du 9ème Bataillon du Lieutenant-Colonel Otway soient au meilleur de leur efficacité pour remplir le travail qui leur était assigné. C’est pour cela que Terence Otway n’hésita pas à reproduire la batterie de Merville et ses environs pour parvenir à son objectif.

L’entrainement intensif des hommes du 9th Para.

Un plan d’assaut répété mille et mille fois.

 

Les parachutistes du Lieutenant-Colonel Terence Otway vont commencer par répéter individuellement la tâche qui leur est dévolue. Naturellement, de nuit comme de jour.
Puis viendra, lorsque le Lieutenant-Colonel Otway les jugea prêts, une répétition générale où chaque pièce du puzzle devait s’assembler pour que le plan fonctionne correctement.

 

Mais le Lieutenant-Colonel Otway voulait que ses parachutistes du 9ème Bataillon intègrent par coeur leur mission, son timming précis et la nature du terrain. Terence Otway voulait qu’ils possèdent parfaitement leur sujet pour écarter toute possibilité laissée au doute. Il voulait qu’il puisse opérer quasiment les yeux fermés et être à chaque fois dans les temps programmés.
Et les répétitions succédaient aux répétitions pour tourner comme une splendide horloge de précision.

 

Terence Otway voulait que ses parachutistes du 9ème Bataillon deviennent de redoutables guerriers pour qu’ils soient capables d’affronter leur très périlleuse mission et en sortir victorieux. Et ils l’étaient à présent.

La désignation de la cible

Peu de temps avant le départ, le Lieutenant-Colonel Terence Otway indiqua au 9ème Bataillon le nom de la batterie qu’ils devaient réduire au silence.

 

Il leur répéta encore que cette mission représentait un objectif vital et prioritaire du Jour J pour le SHAEF et qu’il comptait sur eux.

 

Ses hommes, les parachutistes du 9ème Bataillon sont fiers d’avoir été choisi pour cette mission essentielle. Un formidable esprit de corps les unit.

Les derniers préparatifs

Le camp de transit juste avant l’Invasion Camp de transit près du terrain de la Royal Air Force.

L’Invasion s’annonce proche. Le camp est littéralement coupé du reste du monde : secret absolu.
Chacun prépare son équipement propre. Chaque parachutiste a toute latitude pour sélectionner son armement avec pour seule condition de ne pas dépasser le poids autorisé. Au bout du compte une trentaine de kilos d’équipement sont emportés.

Le Major General Richard N. Gale vient encourager ses parachutistes de la 6th Airborne Division. Le Brigadier James Hill donnera à sa Brigade ses dernières recommandations d’officier expérimenté. Le Lieutenant-Colonel Otway prononce lui aussi son dernier briefing.

Le D-Day est programmé pour le lendemain. 7 000 parachutistes de la 6th Airborne Division doivent être largués en deux heures. Une flotte de 400 appareils, principalement des Dakota, des groupes 36 et 48 de la Royal Air Force, les attend, ainsi que la 6e brigade de largage aérien avec ses planeurs et ses avions se remorquage.
Les parachutistes se dirigent vers leurs camions, harnachés et équipés pour la grande nuit qui précédera le D-Day. L’envol est attendu.

Puis la nouvelle tombe, le D-Day est repoussé de 24 heures à cause d’une météo exécrable…